numéro un, paru en mars 2001

 

SOMMAIRE  HISTORIQUE CALVA N°0 CALVA N°1 CALVA ASSISES E-MAIL

LA BD SF DU CALVA...

 

 

SE PROCURER LES ANCIENS NUMÉROS (CHOUETTE DE LA THUNE !!!)

 

JUSTATEN : L’INTERNATIONAL RAOUT SYSTEM

On a réussi à se retrouver, c'est un peu compliqué à expliquer donc je ne le ferai pas. C'est donc un pack de 26 pages + 4 gratuites que vous avez entre les mains. Ces deux pages supplémentaires, c'est une interview de l'International Raout System, réalisée avant leur départ au Sénégal et un résumé rapide de leur voyage. Ils sont partis à six (Axel, Karen, Nazim, Steven, Véronique et Yohan), ils viennent de rentrer et ils ont créé une asso pour continuer leur travail et pouvoir repartir. Nous leur souhaitons bonne chance.                                                         F. et R. L.

 

 

-Le Calva Libéré: Est-ce que vous pouvez nous expliquer votre projet des origines jusqu'à aujourd'hui ?

           -IRS (Yohan) : Quand j'étais élève infirmier, j'ai fait un stage au Sénégal au Casamance, j'avais déjà le projet de bosser dans l'humanitaire, j'ai travaillé au dispensaire donc j'ai eu des contacts là-bas et  ça s'est très bien passé. Les gens étaient cool et très ouverts. Il y avait des choses à faire là-bas et donc au retour, ma seule envie, c'était de repartir en l'occurrence avec les potes. Petit à petit, le projet a mûri tout en pensant à créer une association pour avoir un projet à plus long terme, pas spécialement avec ce village là, ou cette région là, mais d'étendre un peu plus. Pour les potes, c'est l'occasion de découvrir ce qu'est la vie au village et puis pour moi ce sera l'occasion de taffer au dispensaire, que tout le monde donne un coup de main, d'amener du matériel, des médocs, des bouquins de littérature française à confier à l'instituteur que j'ai rencontré. Echanges culturels de type musique, Steve et Axel font de la gratte, ils pourront leur apprendre la gratte, eux nous apprendront les percus en échange. Dans le village, ils ont de l'électricité depuis peu de temps, ils font de la musique, je pense que l'on peut faire des choses intéressantes à ce niveau là. On ne veut vraiment pas se contenter de l'aide sanitaire. Ça c'est l'action au niveau du village. Le deuxième mois c'est plutôt l'aventure et traverser le Mali en remontant le fleuve Niger en fonction des différents contacts que l'on a récupéré à droite, à gauche.

-C.L. : Vous partez vendredi, où avez-vous récupéré les médocs et tout le matos ?

            -IRS (Yohan) : Dans les pharmacie de Saint-Lô, on n'est pas allé relever les compteurs encore. Il y a des médecins qui vont nous filer des trucs aussi. Les bouquins, on les a récupéré à droite à gauche. Plusieurs entreprises nous ont filé des cahiers et des crayons. Ca n'a pas été préparé de façon minutieuse, trop longtemps à l'avance. On peut pas vraiment apporter plus de choses parce qu' après, il faut demander des aides soit pour payer 80 francs du kilo supplémentaire (ce que propose la compagnie) ou alors s'arranger par le biais d'une association (qui n'est pas encore déposée) pour avoir des réductions et pouvoir apporter plus de choses (bouquins, médocs).

 

-C.L. : Les entreprises ne vous demandent rien en contrepartie ?

            -IRS (Steven) : Pour ce qui est des crayons, ils nous ont été donnés, ça représente pas grand chose. Et puis nous sommes en partenariat pour la photo; ils nous filent les péloches et en contrepartie, ils nous les développent.

 

-C.L. : Vous partez avec vos grattes et tout votre matos...

            -IRS (Nazim) : Comme ils viennent d'avoir l'électricité au village, ils ont monté plus ou moins un petit groupe de hip-hop, c'est ce qu'ils nous disent dans la lettre, j'ai un ami sur Paris qui fait des mix en rap, qui vient de sortir une mix-tape, que l'on va enregistrer sur mini-disc (puisque l'on en emmène un) pour pouvoir travailler avec eux un peu. Ca peut être intéressant. On veut aussi ramener des sons enregistrés là-bas et essayer de favoriser cet échange-là en fait, on a vraiment envie de travailler l'échange culturel et pas faire que de l'humanitaire... Le rêve serait d'avoir  une case à nous, un genre de centre culturel, un peu, dans ce village-là, et de pouvoir y faire passer d'autres associations aussi, pour qu'il n'y ait pas que nous dans ce village... Hier soir on a rencontré d'autres associations, maintenant il faut voir comment ça se développe . On aimerait vraiment développer le côté culturel de la chose... On part aussi avec une petite caméra, on a une idée plus ou moins de documentaire à traiter après, mais déjà avec eux, moi j'aimerais bien leur prêter la caméra, les initier, faire des tourné-monté et des petits courts... J'ai envie de leur filer la caméra, qu'ils tournent eux, voir comment ils se dépatouillent avec ça, et voir leur vision de la chose. On va travailler sur ça aussi.

 

-C.L. : Sur ce que tu as vu au Sénégal, peux-tu dresser un genre de bilan; sur ce que tu as ressenti, sur la question de la vie etc.?

            -IRS (Yohan): Sur ça, il y a beaucoup de choses à dire, même si cinq semaines, c'est vraiment trop peu pour pouvoir juger. Moi, ce que je peux dire, ça se passe pas dans les villages ou dans la brousse, ça se passe dans un village, à la rigueur dans une région bien spéciale qui a un statut à part parce qu'elle est coupée du reste du pays depuis une vingtaine d'années par les indépendantistes. Il y a des gens qui sont tués (jusqu'à il y a cinq ans) ou des touristes qui sont dépouillés, mais ça c'est rien par rapport au fond du problème, il y a une petite dizaine de personnes qui veulent l'indépendance mais la majorité veut la paix et vivre tranquillement. C'est une région assez riche, ils cultivent du riz, du mil, c'est considéré comme le grenier du Sénégal, donc une région assez riche que le gouvernement ne veut pas laisser partir. En fait, c'est coupé du reste du pays par un autre pays, la Gambie qu' on est obligé de traverser.

 

-C.L. : C'est au sud de la Gambie ?

            -IRS : Oui, voilà, et au nord de la Guinée Bissau où se cachent les indépendantistes qui sont apparemment armés par le gouvernement de la Guinée.

 

-C.L. :Le village est il situé sur la côte ?

            -I.R.S : Le village est à environ 40 kilomètres de la côte nord de la Casamance. C'est au sud que c'est "un peu plus chaud", on y trouve une population d'agriculteurs très pauvres. Dans le village ils n'ont pas la notion d'argent, beaucoup d'échanges se déroulent sous le système de troc. Les réseaux routiers, c'est des routes en terre rouge, donc, des choses comme les mangues qui poussent à profusion ne peuvent pas être exportées. Il y a un camion qui passe de temps en temps, mais ça ne suffit pas pour aller vendre la production à des villages extérieurs. Ca pourrit sur place, alors que ça pourrait être un moyen d'avoir un peu plus d'aisance pour vivre. Sinon, dans le village (environ 8000 hab.) il n'y a qu'une petite boutique et le système de santé comme activité. Le dispensaire génère un petit peu d'argent. (les consultations et les médicaments sont payants.) Cette petite manne financière, a permis, par exemple la création d' une banque rurale (qui a d ouvrir l'année dernière) qui permet à des jeunes et des plus anciens de monter de petites coopératives pour acheter du matériel agricole. Le dispensaire et son équipe, c'est le noyau du village, c'est eux qui ont des contacts avec l'extérieur et qui font évoluer les choses

 

-C.L. : Est ce que le dispensaire est une initiative occidentale ?

            -IRS : Il y a un contrat, dans la mesure où le Sénégal a été colonisé, il y a toujours des échanges qui se sont faits . Il y a quelques associations, en l'occurrence Visa Santé, qui a un programme bien défini, habilité par le ministère de la Santé. Ils ne se sont pas dit : on va soigner les gens comme on soigne chez nous, ce qui aurait pu être néfaste. Le gouvernement forme ses propres infirmiers. C'est une école en deux ans. Après, il les répartit à travers le pays. Des fois, on voit des gens peu motivés, ou seulement par l'appât du gain. Parce que, contrairement, à leur système traditionnel, le système de santé génère de l'argent donc ça attire évidemment des gens et puis ce n'est pas toujours dans le respect de leurs coutumes. Mais sinon, les programmes sont la lutte contre le paludisme, les campagnes de vaccination des enfants, etc.… Et comme ils n'ont pas d'argent, c'est aussi des choses toutes simples d'éducation à la santé, des conseils d'hygiène corporelle ou les précautions en cuisinant pour réduire la mortalité infantile. Les programmes se déroulent donc un peu dans l'urgence, avec très peu de moyens.

 

 

-C.L. : Et le sida ?

            -IRS : C'est bien sûr un problème très important en Afrique. On en parle surtout dans les villes, car les gens y vivent dans des conditions d'hygiène assez pitoyables. Mais dans les campagnes, dans la mesure où il n'y a aucun moyen de faire des prises de sang ou d'avoir un labo pour dépister, on ne peut pas savoir si le taux de sida est important. Dans ce village-là , par exemple, où il y a quatre mille habitants, 30 à 35% de la population a moins de vingt-cinq ans et les jeunes sont confrontés à l'épidémie depuis quelques années, exposés sans vraiment le savoir. Il y a peut-être 1% de sida, ou 20%, on ne sait pas du tout, on le saura peut-être plus tard. Le problème, c'est qu'ils n'ont aucun moyen de le vérifier et même s'ils l'avaient, une fois le diagnostic établi… c'est une fatalité car il n'y a aucun moyen de soigner. La trithérapie coûtant déjà très cher en Europe, là-bas c'est inaccessible.

 

-C.L.: Et la contraception, j'imagine qu'elle n'est pas gratuite ?

            -IRS : Il y a quelques aides. Dans les villes, il y a des centres sur le même modèle que les plannings familiaux en France et qui fonctionnent très bien. Dans un contexte de polygamie où la religion est l'Islam, la femme a quand même un statut inférieur à l'homme. Elle est moins en droit de gérer sa sexualité, sa contraception. C'est là qu'il y a un gros travail à faire. Deux cultures différentes se confrontent. Mais il existe, surtout dans les villes, un grand mouvement d'émancipation des femmes, même si dans un village traditionnel, c'est un peu différent. Quand on parle de l'Islam, il faut mettre un bémol, car dans une même ethnie, (par exemple les Diolas que je connais plus particulièrement) il peut y avoir aussi des catholiques et dans la vie de tous les jours, ils n'ont pas les mêmes pratiques. C'est pour cela qu'il faut agir au cas par cas et travailler sur une région ou un village plutôt qu'à l'échelle d'un pays. De plus, les pays et les frontières datent de la colonisation, et d'un pays à un autre, les gens peuvent avoir les mêmes coutumes sans avoir la même nationalité.

 

-C.L. : Donc, concernant ce problème, il y a besoin d'une évolution des mœurs et des mentalités…

            -IRS : Oui, mais une évolution qui ne copie pas le modèle occidental, car c'est clair qu'il n'est pas forcément bon et il faut s'adapter à leurs problèmes. Depuis 20 ans que des associations travaillent sur les soins de santé primaire, cela a permis de faire baisser de façon efficace le taux de mortalité infantile. Par contre, pour le sida, l'éducation doit se faire sur le long terme car il y a tellement de chose à faire accepter aux gens que c'est un effort énorme.

 

-C.L. : Vous parliez d'un instituteur tout à l'heure, combien y a t-il d'écoles au village ?

            -IRS : Quand j'y étais, c'était l'hivernage, c'est à dire la période où il pleut tous les jours, donc tout le monde travaille aux champs (les femmes, les enfants…) On n'a pas pu les voir dans les écoles, mais il y a deux écoles coraniques et trois écoles laïques. Kagnobon, c'est le plus gros village du Sénégal qui n'a pas encore le statut de commune. Normalement, à partir de deux ou trois mille habitants le village prend le statut de commune avec un maire et un conseil municipal élus. Là, c'est encore un chef du village qui est le fils de l'ancien chef du village, mais comme il est assez vieux, il n'y aura pas d'autre chef du village ; ils passeront au statut de commune. Beaucoup de chose vont changer, par rapport aux aides de l'État, aux budgets qui seront votés etc. Ce sera un mode de fonctionnement encore plus occidental. Je pense qu'il y a beaucoup de choses à faire, pas forcément palpable, tout simplement en discutant avec les gens, en leur apportant un reflet de notre société, de notre culture pour leur éviter de faire certaines conneries.

 

-C.L.: C'est au sud de la Gambie?

-IRS : oui, voilà, et au nord de la Guinée Bissau où se cachent les indépendantistes qui sont apparemment armés par le gouvernement de la Guinée.

 

-C.L: Vous êtes sur la côte?

-IRS : Le village est à quarante-cinquante bornes de la côte nord de Casamence. C'est au sud que c'est un peu plus chaud.

 

-C.L. :Le village est il situé sur la côte ?

            -IRS : Le village est à environ 40 kilomètres de la côte nord de la Casamance. C'est au sud que c'est "un peu plus chaud", on y trouve une population d'agriculteurs très pauvres. Dans le village ils n'ont pas la notion d'argent, beaucoup d'échanges se déroulent sous le système de troc. Les réseaux routiers c'est des routes en terre rouge, donc, des choses comme les mangues qui poussent à profusion ne peuvent pas être exportées. Il y a un camion qui passe de temps en temps, mais ça ne suffit pas pour aller vendre la production à des villages ou des villages extérieurs. Ca pourrit sur place, alors que ça pourrait être un moyen d'avoir un peu plus d'aisance pour vivre. Sinon, dans le village ( 4000 hab.) il n'y a qu'une petite boutique et le système de santé comme activité. Le dispensaire génère un petit peu d'argent. (les consultations et les médicaments sont payants.) Cette petite manne financière a permis par exemple pour une banque rurale(qui a du ouvrir l'année dernière ) qui permet à des jeunes et des plus anciens de monter de petites coopératives pour acheter du matériel agricole. Le dispensaire et son équipe, c'est le noyau du village, c'est eux qui ont des contacts avec l'extérieur et qui font évoluer les choses. Une chose qui m'a écœuré dans cette petite boutique qui vend des cacahuètes, trois bouts de ficelle, des trucs pratiques dans la vie de tous les jours, il y a un frigos qui marche au gaz et par intermittence car il n'y a pas d'électricité. Même si on se dit que l'on est vraiment au fin fond de la brousse, il y a déjà des gens qui ont mis leurs sales pattes ici car dans le frigos on trouve du coca et du fanta que les villageois ne peuvent pas acheter car ils n'ont pas l'argent.

 

-C.L: Cette boutique est-elle tenue par un sénégalais?

            -IRS : Oui, c'est sa maison et il a un coin qui lui sert de magasin. On trouve aussi la gazelle qui est une limonade locale. Ils en boivent très peu; c'est trop cher. Il nous arrivait nous d'en acheter, même si par principe on ne devrait pas en boire, mais les bouteilles nous servent à mettre les aiguilles usées car il n'y a pas de conteneurs de récupération.

 

-C.L.: Le dispensaire, c'est une initiative occidentale?

            -IRS :  Il y a un contrat, dans la mesure où le Sénégal a été colonisé, il y a toujours des échanges qui se sont faits . Il y a pas mal d'associations là, en l'occurrence Visa Santé, qui a un programme bien défini, habilité par le ministère de la Santé. Ils ne se sont pas dit:on va soigner les gens comme on soigne chez nous, ce qui aurait pu être néfaste. Le gouvernement forme ses propres infirmiers. C'est une école en deux ans. Après, il les répartit à travers le pays. Des fois on voit des gens pas très motivés, ou seulement par l'appât du gain. Parce que contrairement à leurs systèmes traditionnels, le système de santé génère de l'argent donc ça attire évidemment des gens et puis c'est pas toujours dans le respect de leurs coutumes. Mais sinon, les programmes sont: la lutte contre le paludisme, les campagnes de vaccination des enfants, etc.… Et comme n'ont pas d'argent, c'est aussi des choses toutes simples d'éducation à la santé, des conseils d'hygiène corporelle ou les précautions en cuisinant pour réduire la mortalité infantile. Les programmes se déroulent donc un peu dans l'urgence, avec très peu de moyens.

 

-C.L.: Et le sida?

            -IRS :  C'est bien sûr un problème très important en Afrique. On en parle surtout dans les villes, car les gens y vivent dans des conditions d'hygiène assez pitoyables. Mais dans les campagnes, dans la mesure où il n'y a aucun moyen de faire des prises de sang ou d'avoir un labo pour dépister, on ne peut pas savoir si le taux de sida est important. Dans ce village-là , par exemple, où il y a quatre mille habitants, 30 à 35% de la population a moins de vingt-cinq ans et ces jeunes sont confrontés à l'épidémie depuis quelques années, exposés sans vraiment le savoir. Il y a peut-être 1% de sida, ou 20%, on ne sait pas du tout, on le saura peut-être plus tard. Le problème, c'est qu'ils n'ont aucun moyen de le vérifier et même s'ils l'avaient, une fois le diagnostic établi… c'est une fatalité car il n'y a aucun moyen de soigner. La tritérapie coûtant déjà très cher en Europe, là-bas c'est inaccessible.

 

-C.L.: Et la contraception, j'imagine qu'elle n'est pas gratuite?

            -IRS :  Il y a quelques aides. Dans les villes, il y a des centres sur le même modèle que les plannings familiaux en France et qui fonctionnent très bien. Dans un contexte de polygamie où la religion est l'Islam, la femme a quand-même un statut inférieur à l'homme. Elle est moins en droit de gérer sa sexualité, sa contraception. C'est là qu'il y a un gros travail à faire. Deux cultures différentes se confrontent. Mais il existe, surtout dans les villes, un grand mouvement d'émancipation des femmes, mais dans un village un peu traditionnel, c'est quand-même un peu différent. Quand on parle de l'Islam, il faut mettre un bémol, car dans une même ethnie, (par exemple les Diolas que je connais plus particulièrement) il peut y avoir aussi des catholiques et dans la vie de tous les jours, ils n'ont pas les mêmes pratiques. C'est pour cela qu'il faut agir au cas par cas et travailler sur une région ou un village plutôt qu'à l'échelle d'un pays. De plus, les pays et les frontières datent de la colonisation, et d'un pays à un autre, les gens peuvent avoir les mêmes coutumes sans avoir la même nationalité.

 

-C.L.: Donc, concernant ce problème, il y a besoin d'une évolution des mœurs et des mentalités…

            -IRS : Oui mais une évolution, qui ne copie pas le modèle occidental, car c'est clair qu'il n'est pas forcement bon, mais qui s'adapte à leurs problèmes. Depuis 20 ans que des associations travaillent sur les soins de santé primaire cela a permis de faire baisser de façon efficace le taux de mortalité infantile. Par contre pour le sida, l'éducation doit se faire sur le long terme car il y a tellement de chose à faire accepter aux gens en fait que c'est  un effort énorme.

 

-C.L. : Vous parliez d'un instituteur tout à l'heure, combien y a t il d'écoles au village ?

            -IRS : Quand j'y étais, c'était l'hivernage, c'est à dire la période ou il pleut tous les jours, donc tout le monde travail aux champs (les femmes, les enfants…) donc on a pas pu les voire dans les écoles, mais il y a deux écoles coraniques et une ou deux écoles laïques. Kagnogon, c'est le plus gros village du Sénégal qui n'a pas encore le statut de commune. Normalement à partir de deux ou trois milles habitants le village prend le statut  de commune avec un maire et un conseil municipal élus. Là c'est encore un chef du village qui est le fils de l'ancien chef du village, mais comme il est assez vieux, il n'y aura pas d'autre chef du village, ils passeront au statut de commune. Beaucoup de chose vont changer, par rapport aux aides de l'État, aux budgets qui seront votés etc. se sera un mode de fonctionnement encore plus occidental. Je pense qu'il y a beaucoup de choses à faire, pas forcement palpable, tout simplement en discutant avec les gens, en leur apportant un reflet de notre société, de notre culture pour leur éviter de faire certaines conneries.

 

 Pour finir, un mail envoyé par ces gens qui y étaient… pour leur en envoyer un, cliquez là : irs-association@hotmail.fr

    Voilà maintenant trois semaines que nous sommes rentrés en France. Ces deux mois en Afrique auront finalement été très cours. D'abord, un mois à Kagnobon en Casamance, où nous avons été très bien accueillis. Les médicaments apportés ont été très vite utilisés et notre aide au dispensaire très appréciée (consultations, pansements et maternité). Mais il y aurait encore tellement à faire. Ne serait-ce qu'au niveau de l'information des populations vis-à-vis de précautions à prendre face aux maladies telles que le paludisme ou encore les M.S.T. et, plus particulièrement, le sida. Améliorer l'organisation des différentes institutions pour plus d'efficacité, les accompagner dans leurs initiatives sans prendre leur place dans les décisions les concernant directement. Mais Il aurait fallu quatre mois de plus…

    Ensuite, la visite du Mali où nous avons travaillé au dispensaire de Songho en pays Dogon (au centre-est du Mali) a été également riche en expériences. Beauté des paysages, grandeur des espaces, mais aussi des populations encore plus touchées par la malnutrition et la pauvreté qu'au Sénégal. En tout cas, Bamako, la capitale est magnifique de vitalité, de richesses humaines, et visiter ces marchés est un réel plaisir des yeux et un endroit propice pour taper la discute.

    Enfin, à présent, ce n'est pas empreint de nostalgie que nous pensons à Kagnobon, Kafountine, Abene, Bignona, Ziguinchor, à Bamako, Iréli ou Songho, mais bien avec le farouche désir d'y retourner afin d'y réaliser des projets d'une toute autre envergure et qui ne se limiteront pas au médical mais auront une dimension culturelle, informative, éducative…

RAOUTEMENT VOTRE IRS

Note : peut-être bientôt un site consacré aux raouts... patience !!!

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