Sur le territoire espagnol, en dehors d' une arène; on peut trouver dans chaque grande ville des boutiques des magasins de produits issus du Comercio Justo(équivalent espagnol du Commerce Equitable).Apparues peu à peu au cours des deux dernières décennies ces tiendas s' éloignent totalement de l' idée qu' on peut avoir d' un magasin. En effet , en plus de leur fonction traditionnelle de point de vente, elles sont également un lieu de diffusion d' idées ,bastion du militantisme... visite guidée de l' une d'elles, l' Arcu la Vieya à Oviedo.

 

    La vitrine invite déjà à rentrer, quelques livres y sont disposés du type : Les rêves de Bolivar (leader de l' indépendance du Venezuela), récits sur la lutte au Chiapas ; et l' intérieur est tout aussi charmant. Concrètement, que trouve-t-on dans ce local social ? Presque tout : des produits alimentaire (café du Mexique et du Nicaragua, Thé du Sri Lanka, produits artisanaux des pays du sud (statuettes ,vêtements), de l' encens… Mais ce n'est pas un supermarché, une consommation responsable signifie consommer simplement le nécessaire. Ensuite on passe dans l' arrière-salle, plus  grande que la première , elle sert de bibliothèque officieuse et bien sûr gratuite. Sur la gauche, deux tables où sont disposées des fanzines, tous écrivent pour une seule et même raison , ils sont lassés de l' auto– dégradation  de la société qui est en train de se  faire peu à peu, ils sont lassés des inégalités qu' on peut voir tous les jours. Ainsi, cette boutique qui apporte son soutien aux différents collectifs de diffusions d' idées donne aux gens les moyens de s' informer ; on peut également se renseigner sur les produits du magasin : Qui sont les fournisseurs ? Comment sont acheminés les produits vers l' Europe ? Combien revient à la coopérative de  producteurs ? Ici comme dans toute boutique de Comercio justo qui se respecte, on pratique un commerce transparent. Dans l' arrière-salle, on peut aussi consulter différents ouvrages, revendicatifs, sur les combats menés dans le passé et amener aujourd'hui et demain : la lutte ne s' arrête jamais. Ainsi, ils organisent aussi des interventions de militants indiens du Chiapas par exemple ; bref, ces gens sont de tous les combats et le font de manière convaincue, on ne les sent jamais prêts à abandonner. Cependant, en les écoutant, on voit qu' ils sont lucides, le chemin à parcourir vers un véritable monde plus juste reste long. Il suffit de voir les chiffres de vente du Comercio Justo qui bien qu' en progression constante chaque année en Europe  représente seulement de 1 à 5 pour cent des  consommateurs.

 

KEZAKO ?

 

   C' est en 1969 que fut crée la première " Boutique Solidaire " à Breukelen aux Pays-Bas. A partir de ce moment, les initiatives de ce genre vont fleurir en Europe. Aujourd'hui il existe environ 2500 boutiques de Commerce Equitable à travers toute l' Europe plus celles qui existent au Japon, au Canada et aux Etats-Unis.

 

     Que signifie Commerce Equitable ? Concrètement, cela signifie un commerce qui va dans le sens contraire du marché actuel car les relations commerciales s' établissent dans un souci d' équité entre le Nord et le Sud, un commerce dans lequel les entreprises occidentales n' exploitent pas les paysans producteurs pour des salaires de misère au nom de la sainte productivité. Dans le Commerce Equitable, les producteurs sont organisés en collectifs ou en coopératives mais l'organisation de ces groupes doit se faire de manière démocratique et consultative envers chacun de ses membres, l' exploitation infantile y est bien sûr prohibée. Enfin, on se doit de produire en respectant le milieu environnant. A terme, ces producteurs du Sud visent leur propre contrôle du marché de leurs produits : une autogestion. Bien sûr, le Commerce Equitable ne se fait pas dans un but lucratif : au contraire de l' économie d' enrichissement (capitaliste), on pourrait dire qu' elle correspond à une " économie sociale ". Il s' agit d' une " relation libre, directe et honnête" entre 3 nouveaux sujets économiques :

·                les coopératives de producteurs

·                les consommateurs responsables

·                un médiateur dépourvu de toute envie lucrative et disposé  à faciliter la rencontre entre les deux premiers ( associations et  boutiques de Commerce Equitable membres de l' EFTA ( Fédération Européenne de Commerce Alternatif)

 

      Une autre caractéristique importante de ce commerce alternatif est que le consommateur paie parfois plus cher les produits qu' il achète. En effet, les producteurs  associés perçoivent, pour leur récolte, un prix supérieur à celui du marché mondial. Pourquoi  ? Tout simplement parce que les cours du marché mondial sont en général trop bas et surtout trop variables pour permettre à un paysan d' avoir un revenu correct et régulier pour faire vivre sa famille. De plus, l' argent récupéré peut également être investi dans des projets de développement, d' éducation ou de santé. Le "consommateur responsable" comble en fait un déséquilibre engendré par le système mercantile dominant. Prenons en exemple le Café, sur un paquet de café issu du commerce traditionnel que l' on payerait 100 pesetas (4 francs), 13 pesetas (50 centimes) vont  retourner au sud et seulement 3 ou 4 pesetas (10 centimes) reviennent au paysan producteur. Dans une optique de Commerce Equitable, le prix supérieur jusqu' à 60 pour 100 au prix du marché permettent réellement aux paysans de ces coopératives  et à leurs familles de vivre décemment. Le Commerce Equitable, c' est en fait "prendre conscience que chacun de nous est coresponsable des effets sociaux et écologiques de la production, en tant que consommateurs, nous devons être conscients des conséquences que génèrent nos demandes et exiger des conditions de vie dignes pour les producteurs des articles que nous consommons."

Anthony Marie.