numéro un, paru en mars 2001

 

SOMMAIRE  HISTORIQUE CALVA N°0 CALVA N°1 CALVA ASSISES E-MAIL

LA BD SF DU CALVA...

 

 

SE PROCURER LES ANCIENS NUMÉROS (CHOUETTE DE LA THUNE !!!)

 

Ça devrait marcher...

 

Comme dirait mon ami Ours Grincheux, la technologie c’est beau quand ça marche. J’abonde sur ce précepte, je m’associe à lui et l’actualité (au sens médiatique du terme) m’en donne tous les jours des raisons qui, personnellement, me suffisent. À l’heure d’Internet (ça fait toujours bien de dire À l’heure d’Internet, ça fait dans le vent pour un journaleux, de ces formules toutes faites qui ne veulent souvent pas dire grand chose, dont la plus célèbre est : « À l’aube du troisième millénaire », formule que l’on peut toujours lire dans les articles dont les rédacteurs sont archi nuls en mathématiques, car le troisième millénaire, ça y est, nous sommes dedans, nous sommes même vers 7H30 / 8H00 du troisième millénaire, et l’heure tourne alors je vais abréger mon propos), à l’heure d’Internet donc, du GPS, des webcams, du GSM et bientôt de l’UMTS, bref de la technologie sur laquelle repose nos vies et dont nous sommes si fiers, il y a des technologies dont nous devrions avoir honte.

Je dis que l’actualité nous prouve que tous les jours que la technologie c’est beau quand ça marche et je ne pousse pour une fois pas l’ironie trop loin. Les exemples se bousculent. Tout d’abord, le plus comique de ces derniers temps était l’élection présidentielle américaine (n’en rions pas trop quand même, les nôtres sont prévues pour l’année prochaine et nous sommes capables de faire pire). Jamais un dépouillement n’aura été aussi long, rendez vous compte, il a même fallu recourir à une technique que l’on croyait à jamais bannie, la technique manuelle. Dépouillement manuel. Dans le pays de la Sillcon valley dont on nous vante tous les mérites, dans le pays où Bill Gates est le plus grand vendeur de machines dont on sait qu’elles vont tomber en panne mais qu’il faut tout de même acheter pour avoir comme tout le monde, on a recours à la main pour savoir qui que c’est le nouveau président. Et comme dans un film de série Z’’, tout ça se finit au tribunaux avec un méchant et un gentil. Je rappelle que l’enjeu valait tout de même la peine, car il s’agissait de choisir entre un gars qui est pour la peine de mort et contre l’avortement, et un autre gars qui lui, est pour la peine de mort et contre l’avortement. Les tribunaux ont donné les pleins pouvoirs à l’un deux et la technologie est rentrée à la niche la queue pendante. Et le pire, c’est que l’histoire ne s’arrête pas là puisque quelques journalistes recomptent à leur tour les bulletins, usant- de leur droit de citoyen à les examiner.

Et les médias suivent. En France on raille, on se moque, quelle bande de cons ces américains et puis on apprend quelques jours plus tard qu’on a cassé notre nouveau jouet nucléaire, que le Charles De Gaulle est pété, zut alors. La technologie je vous dis. La technologie des médias, c’est les duplex en direct, ce sont les fourgonnettes équipées de tout un tas d’antennes, de paraboles qui courent après l’info, en direct, on sait tout de partout, tout le temps. Allez, imaginez qu’un chef d’état soit victime d’un attentat contre sa vie (le genre de chose qui ne passe quand même pas inaperçu) eh bien l’info sera retransmise aussitôt, partout dans le monde, avec des images et tout et tout. On n’altérera rien à la vérité, la seule modification que feront les médias, ce sera de mettre des conditionnels à tout bout de champ. Le chef d’état en question s’appelle Laurent Désiré Kabila. Le traitement médiatique fut livré tel quel : peut-être il est mort ; c’est confirmé par le ministre d’un pays voisin donc c’est bon, il est mort ; ah non notre ministre à nous ne confirme pas, alors he’s still alive ; puis oui il confirme donc il est mort. Envoyé spécial de toutes les rédactions françaises (télé, radio, presse) par GSM, Internet, duplex satellite depuis Paris: le ministre des affaires étrangères. 

Le traitement médiatique de ce sujet a réveillé en moi le souvenir de celui du suicide de Pierre Bérégovoy. Tout d’abord on ne sait pas mais on dit quand même (suffit de mettre quelques conditionnels), ensuite on dit qu’il a succombé et envoyez le magnéto sur la rétrospective de sa vie avec plein d’émotion, ensuite oups désolé il est encore dans le monde des vivants puis finalement réamorcez le magnéto, le sujet est parti.

Pour l’un les médias oublient leur technologie et attendent que les informations des ministères de tous pays, pour l’autre on reste prudent et on attend que le mec en blouse dans l’hôpital nous donne l’info.

Bien sûr les médias ne vont pas débouler dans la salle d’opération pour vérifier de leurs yeux la vérité, bien sûr il ne vont pas infiltrer les hautes sphères politiques de tous les États pour être au cœur de l’actualité, mais il n’empêche que la technologie devrait pouvoir servir l’information autrement que pour retransmettre un match de foot, et que l’attentisme et le conditionnel ne devraient pas dominer nos journaux télé, radio, presse.

Dire que la technologie ça ne marche pas toujours, ce n’est pas un scoop bien sûr. Tout le monde le sait. Tout le monde a vu au moins une fois dans sa vie un PC équipé de Windows non ?

De toutes façons, y’a pas de raisons de louper une occasion de se pieuter moins con (se le dise).

 

BENOÎT LEROY

RETOUR A LA PAGE GENERALE