Numéro « hors série » paru en mai 2000 et consacré entièrement aux Assises de la Jeunesse
Pour les Assises de la jeunesse, le Calva libéré vous emmène faire un petit tour de politique locale en vous présentant les deux têtes de liste potentielles qui ont des chances de rivaliser lors des prochaines élections municipales en 2001. Malgré de regrettables problèmes techniques (micro défectueux lors de l'interview de François Digard), nos envoyés spéciaux à l'Hôtel de Ville (pour F. Digard et T. Bulot) et au siège du parti socialiste (pour M. Levilly) ont tenté de retranscrire ces interviews de deux protagonistes de la vie politique à Saint-Lô.
Le Calva Libéré : Le débat sur les Maîtres Laitiers est très
houleux. François Digard vous accuse de trahir les saint-lois, qui n'ont pas
tous accès à la connaissance des enjeux de ce problème. Pouvez-vous nous
les expliquer selon votre point de vue? Michel Levilly : Pour
trahir les gens, il faut leur cacher la vérité, moi j' ai essayé de la révéler.
Il faut se battre pour l' emploi, nous avons voté les aides pour
que les Maîtres Laitiers puissent s'implanter ici. Mon désaccord avec
François Digard portait sur le lieu d' implantation. Il n'est pas cohérent
de réaliser une 2x2 voies pour contourner et éviter le passage des camions
en ville et de permettre l'installation d'une entreprise au sein du tissu
urbain qui amènera une centaine de camions par jour au plus fort de la
production. Il y avait d'autres lieux, le long de la rocade ou en milieu
rural. Ce que je trouve condamnable dans l'attitude de Monsieur Digard, c'est
d'avoir choisi cet endroit alors qu'il pouvait se mettre d'accord avec les
communes de Saint-Jean-de-Daye et construire enfin, ce qui est indispensable,
le pays de Saint-Lô. Et si quelqu' un a trahi l'avenir de Saint-Lô, c'est
certainement pas moi, celui qui trahit, c'est plutôt Monsieur Digard et
puisqu'il veut les grands mots, je l'accuse de trahir l'intérêt de l'agglomération
au profit d'une campagne électorale qu'il a déjà engagée. C'est Saint-Lô
qui paiera ! Le coût que ça va coûter aux habitants de l'agglomération est
énorme : terrain gratuit, station d'épuration gratuite (40 millions de
francs), aménagement intérieur de la zone gratuit, six ans sans taxe
professionnelle, et je pourrais ajouter que les futures entreprises à venir
à Saint-Lô auront les mêmes
exigences. On est vraiment dans un cercle que je crois vicieux. C.L. : La gauche
n'est-elle pas tout simplement passive à Saint-Lô ? M.L. : Pour pouvoir
être actif, il faut avoir les moyens de le faire. On est sept et malgré la
loi, on n'a aucun moyen matériel pour travailler. On va avoir dans quelques
jours enfin un bureau, alors que la loi impose au maire de donner à
l'opposition un bureau pour qu'elle puisse travailler. Des tribunaux ont
condamné de telles pratiques. C.L. : Que pensez-vous de la plaquette : "Saint-Lô en
Capitales" ? M.L. : Dans les
anciens bulletins municipaux, il y avait la page de l'opposition systématiquement
alors que dans les deux qui sont sortis en deux ans, il n'y a pas de place
pour l'opposition, PAS UN MOT ! Monsieur Digard a supprimé le bulletin
municipal, parce que selon lui : "la seule page qui est lue est celle de
l'opposition". Il y a une volonté de nous empêcher de nous exprimer !
Depuis 1995, on ne peut plus du tout se faire entendre. Je n'ai obtenu gain de
cause que sur trois ou quatre cas parce que j'étais sûr que le droit était
avec moi. Malheureusement, à Saint-Lô, IL N'Y A PAS DE DEMOCRATIE ! C.L. : Pourquoi n'y a-t-il pas eu de journal de l'opposition ? M.L. : Nous n'avons
pas d'indemnités, c'est de notre poche alors que celui de la ville est payé
par les impôts locaux (280.000 francs) C.L. : Vous êtes au parti socialiste, qu'est-ce que représente pour
vous la Gauche ? M.L. : La Gauche représente
pour moi des valeurs d'humanisme, d'égalité, de justice. C'est un besoin de
démocratie que je ressens. On attend sur le plan national une continuité de
la politique menée, toujours insuffisante. C.L. : Quels sont vos projets pour Saint-Lô ? M.L. : Je vais vous décevoir,
et je vais vous expliquer pourquoi. Je suis en train de préparer une liste
d'union sur Saint-Lô et j'espère que nous réussirons à avoir les quatre
partis politiques (PS, MDC, Les Verts, PCF). Nous nous sommes mis d'accord
pour ne pas parler séparément de projets, de les construire ensemble, de les
présenter à la population et d'échanger avec elle. Moi, ce qui me désespère,
c'est de voir que Saint-Lô perd de la population. C'est d'abord un problème
d'emploi, mais aussi un problème d'image. Si je suis majoritaire, je mettrai
tout mon poids pour que les Saint-Lois parlent positivement de leur ville à
l'extérieur, parce qu'ils trouvent que leur ville est agréable à vivre. C.L. : La dynamique d'une ville se crée-t-elle grâce aux emplois ou grâce
à sa vie culturelle? M.L. : C'est tout un
état d'esprit qu'il faut changer un petit peu et que ce ne soit pas chacun
pour soi. Mais ça je ne vais pas vous dire comment le faire car je veux que
ce soit avec toute la population. C.L. : Avez- vous envie de faire de Saint-Lô une ville dynamique au
sens culturel du terme ? M.L. : Pour moi, il
n'y a pas de véritable programmation culturelle digne de ce nom. Il faut
donner aux gens l'envie de vivre dans leur ville. Ca passe par une vie
culturelle notamment où chacun puisse deux ou trois fois dans l'année aller
au théâtre ou à la salle des fêtes. Il faut des associations qui sont
indispensables. C'est un problème d'emploi, certes, mais les jeunes n'ont pas
trouvé à Saint-Lô ce qu'ils y attendaient. Il faudrait offrir de la culture
sur Saint-Lô-même ou faire bénéficier les habitants de la programmation régionale
(Caen, Coutances...) grâce à un système de bus trois ou quatre fois par an.
Il faut une entente avec les villes de la région. Tout ce que je vous suggère
pour vous montrer que j'ai un certain nombre d'idées. J'ai l'intention que
les jeunes aient des lieux de rencontre avec les élus. Il faut donc toujours
être à l'écoute de façon à ce que les projets évoluent. De même, qu'il
n'y a pas de véritable politique culturelle, il n'y a pas non-plus de réelle
politique d'accueil des étudiants C.L. : Que pensez-vous des grands projets de la mairie ? M.L. : Au sujet de la
piscine d'abord, le projet en est au même point qu'en 1994. Voilà un dossier
qui n'a pas avancé, et pourtant il faut une nouvelle piscine. La plage verte
et l'aménagement des bords de Vire sont des dossiers créés par Mme Lauzac,
architecte, renvoyée en 1995 par Mr Digard. Celui-ci ressort aujourd'hui le
projet, c'est une bonne chose. C.L. : En ce qui
concerne l'implantation du terrain d'honneur du F.C. Saint-Lô aux Ronchettes
? M.L. : En 1988 la
municipalité a proposé de faire une tribune de 2000 places qui coutait
quelques millions de francs. Quand nous sommes arrivés en 1989 (ndlr :
arrivée d'une majorité de gauche à la mairie) , nous savions que ce n'était
pas possible car la fréquentation était en moyenne de 500 spectateurs.
Finalement le Président du District de football s'est contenté d'une
restauration de la pelouse et de l'installation de gradins à La Falaise. Nous
avons accepté car c'était moins cher, c'était le bon sens. Et voilà que
l'on nous repropose le même projet aujourd'hui, alors que la moyenne de fréquentation
tourne autour de 300-400 spectateurs. On regarde cela avec sourire. La droite
en fait un projet de campagne comme en 1989. C.L. : Que pensez-vous de la constuction de la station d'épuration en
centre-ville? M.L. : Notre projet ,
d'une capacité de 65000 habitants plus quelques entreprises, qui devait voir
le jour derrière les anciens abattoirs, donc à distance respectable du
centre-ville, aurait évité la construction d'une seconde station d'épuration
réservée au seul usage des Maîtres Laitiers située à 200 mètres des
habitations. Quand les gens vont s'en apercevoir : " Bonjour les dégats
! ". Propos
recueillis par: Rudy L'Orphelin, Pierre Dubos, Alexandre Henrye, Anthony Marie.
-------------------------------------------------------------------------------------
Le calva libéré : Le débat sur les Maîtres Laitiers est très houleux.
Malgré la décision prise par le Conseil municipal, la discorde demeure sur
le lieu d'implantation. Pouvez-vous nous donner votre point de vue sur ce
sujet?L François Digard : Moi, je suis Maire d'une
ville, je me bats pour qu'il y ait de l'emploi dans ma ville. Je suis maire de
Saint-Lô, j'ai vocation à la promouvoir. J'aurais été maire de Saint-Jean
de Daye, je me serais battu pour que les maîtres laitiers s'installent à
Saint-Jean de Daye. L'emploi doit rester une priorité. Or, à Saint-Lô,
depuis Moulinex, pas une entreprise importante ne s'est installée. C'est à
ceux qui n'ont pas d'emploi que je pense. La décision prise par le Conseil
municipal est un succès de notre part. Nous ne devons pas en avoir honte. On
n'a jamais honte d'une victoire. Encore, j'insiste, ma priorité, c'est
l'emploi. Une ville prospère, c'est une ville industrielle. C.L. : La rocade permet de détourner du centre ville une majorité de
camions, or l'implantation des Maîtres Laitiers entraînera le passage d'une
centaine de camions par jour au plus fort de la production. Votre sentiment? F.D: Sur la R.N. 74,
il passe 8000 véhicules par jour, dont dix pour cent sont des camions. La
construction du contournement de Saint-Lô en deux fois deux voies doit réduire
ce chiffre, donc le passage d'une centaine de camions par jour causé par les
Maîtres Laitiers est négligeable. C.L: Vous êtes au R.P.R, que représente la droite pour vous
aujourd'hui? F.D: Les sensibilités
politiques n'apparaissent pas au niveau local. Les étiquettes politiques sont
mises de côté, ce qui prime c'est Saint-Lô. La preuve, c'est que dans ma
liste, tout le monde n'est pas encarté. C.L: Quels sont vos projets pour Saint-Lô? F.D: Les projets de
campagne ne sont pas d'actualité. Nous suivons les projets proposés durant
ce mandat : c'est-à-dire les aménagement du bord de Vire qui doivent
commencer bientôt, j'inaugure le Normandy ce soir (NDLR : 05.05.2000), le
complexe aquatique, la rénovation du théâtre, nous déplaçons le terrain
d'honneur du F.C. Saint-Lô aux Ronchettes. C.L. : Au sujet du football, un jeune de la Dollée a lancé une pétition
dans laquelle il se plaint de l'état déplorable du terrain. F.D. : Nous aurions
aimé l'apprendre d'une autre façon. Mais, nous allons aller voir.
D'ailleurs, nous avons assisté à l'Assemblée Générale de la maison de
quartier de la Dollée, et ils ne nous ont pas fait part de ce problème. Je
tiens à vous signaler que Saint-Lô dispose de nombreux terrains pour la
pratique du sport et que nous souhaitons développer une politique de proximité
avec les jeunes de Saint-Lô, c'est-à-dire être à l'écoute. Le bureau
reste ouvert à tous, la preuve, je vous reçois aujourd'hui… Ce genre de
demande (NDLR : à propos de la pétition) n'est pas sans sous-entendus. C.L: Lesquels ? Vous avez quelque chose à l'esprit? F.D: Nous sommes à
un an des municipales, à l'approche des élections, il est typique de voir
apparaître ce genre de demandes. Vous savez, dans la vie publique, il ne faut
pas être naïf. C.L: N'y a-t-il pas un certain échec dans la politique culturelle menée
ces cinq dernières années? F.D: La vie
culturelle passe par une vie associative, c'est pourquoi nous avons délégué
des associations pour faire vivre la culture à Saint-Lô. C'est-à-dire, l'Ecran
Sonique s'occupe de la programmation du Normandy, au niveau artistique, nous
avons Art-Plume, et les Embruns se chargent du domaine théâtral. Il n'y a
donc pas de monopole mais au contraire un véritable souci d'éclectisme.
Regardez les Nuits Foraines, elles traduisent bien ce souci de diversité.
Voilà pourquoi la comparaison faite habituellement avec Coutances n'a aucune
valeur. Certes, ils ont Jazz sous les pommiers, mais c'est l'œuvre de
quelques gens motivés. À côté de cela, Coutances n'attire pas plus de
groupes que Saint-Lô. C.L. : Quant au prix de la place de cinéma à Saint-Lô, n'est-il pas
trop élevé ? F.D: Là encore,
seule une politique d'emploi, qui permettra un accroissement de la population
est apte à augmenter la marge du cinéma, donc à baisser le prix de la
place. On en revient toujours au problème de la population et de l'emploi. Propos
recueillis par Guillaume Vincent, Alexandre Henrye, Pierre Dubos et David
Madelaine. Nota
bene: M.Digard n'a pu nous accorder que trois quarts d'heure du fait de
l'inauguration du Normandy.
En revanche, nous avons passé une heure et demie avec M.Levilly,
ce qui explique la disproportion entre les deux interviewes.
|