Numéro « hors série » paru en mai 2000 et consacré entièrement aux Assises de la Jeunesse

 

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LA BD SF DU CALVA...

 

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DES JEUNES  +  UN SPORT  +  UNE ASSOCIATION = SEKTION RAYMONDE

 

 

 

On a eu un peu de mal, mais on a réussi à le trouver, spécialement pour vous en direct live,

ALIX un responsable de SEKTION RAYMONDE... Les skate-boarders, vous les avez tous vu déferler dans les rues de Saint-lô mais leur association a aussi des messages à faire passer. Entretien.

 

Le Calva Libéré : Première question Alix, en résumé c’est quoi Sektion Raymonde ?

Sektion Raymonde : C’est un club de skate crée il y a dix ans et qui avait trente cinq pratiquants. Ils ont tous arrêté à part deux ou trois, mais depuis 1997, la Sektion Raymonde remonte en flèche, elle a aujourd’hui une petite quarantaine de pratiquants qui viennent de St-Lô et des alentours. Raymonde est en faite l’ancienne gardienne de la salle Cerdan (NDLR : Salle où les skateurs s’entraînent.)

 

C.L. : Merci, tu viens de me sucrer ma deuxième question qui était : Pourquoi Sektion Raymonde ?

S.R. : C’est en 1988 que le club a été créé, il s’apellait Les Savonnettes H Blair, en 1992 il y a eu un changement de statuts et de nom pour rendre hommage à Raymonde qui ouvrait la salle en retard et qui avait un bagou pas possible.

 

C.L. : Qu’avez-vous comme structures pour skater sur St-Lô ?

S.R. : On skate dans la rue (Rue piétonne, Mairie, Ecole de l’Aurore, les supermarchés et tout ce qui roule bien avec des pentes et des bancs.) Sinon le club a des structures : des trottoirs en bois que l’on a fabriqué et des modules en courbes faits par la ville pour l’association. Depuis un mois on a une pyramide avec trois plans inclinés et un trottoir sur le dessus. On aimerait bien obtenir une mini rampe différente de celle construite au centre Mersier il y a 6 ou 7 ans et qui avait coûté 4 ou 5 briques et qui sert de toboggan aux gamins, mais doucement parce que c’est dangereux... Pour les skateurs n’en parlons pas; il faut vraiment être un accro de la rampe pour y arriver.

 

C.L. : Pourquoi, elle est trop dure ?

S.R. : Oui, en plus y a pas assez de plat, elle est trop verticale, pas assez large et en béton, alors si tu tombes c’est « ramasse tes os et rentre chez toi ». Elle a été faite sans concertation avec les skateurs de l’époque, c’est la ville qui avait décidé de faire un geste, ils auraient mieux fait de donner l’argent à l’asso ou de nous demander de quoi on avait besoin. On aimerait éventuellement avoir d’autres modules, mais le Festival St-Lô Jeunes nous en dira plus.

 

C.L. : Est-ce qu’il y a des normes de sécurité pour les modules ?

S.R. : Des normes ont dû être faites normalement au printemps; mais les clubs n’ont pas encore été contactés. C’est une entreprise de Rennes  qui s’occuperait de ça avec la fédération française de roller-skating. Le but est plutôt d’instaurer des minima que des maxima de hauteurs, car ça risquerait de bloquer l’évolution et l’esprit du skate. Ca devrait sortir bientôt, on attend, on les a contacté mais pas de nouvelles. La ville attendait un peu ça pour faire quelque chose pour nous, mais en même temps c’est un peu l’excuse et ils s’en fichent. C’est bien pour eux que ça n’avance pas, ça permet de retarder l’échéance.

 

C.L. : Tu parlais de skater en ville, sais tu comment vous êtes vus par les autochtones ?

S.R. : Je sais bien puisque je pratique régulièrement, il y a le côté positif, les gens qui viennent discuter avec nous et qui trouvent ça un peu magique. Il y a le côté négatif les gens qui se plaignent parce qu’on passe trop vite, du bruit, de la détérioration des bancs et ça va jusqu’au pervenches qui ont le droit de nous verbaliser. Pour cesser un peu l’invasion, ils ont instauré un arrêté municipal en novembre 99 interdisant la pratique du skate sur tout le centre ville à part sur le parking, rue des noyers. Ce parking se trouve en montant en face du commissariat, il est «inskatable» avec aucun rebord pour empêcher les planches d’aller sur la route. Nous, on peut pas pratiquer dans ces conditions là donc on continue à braver la loi et on s’expose à une amende de 75 francs. On s’expose aussi aux reproches des commerçants qui se plaignent des nuisances, il n’y a eu aucun accident jusqu’à maintenant mais les gens qui vont dans ces entreprises vont se plaindre auprès des responsables pour leur demander de faire quelque chose. Le regard porté sur les skaters est quand même relativement négatif.

 

C.L. : N’y a-t-il jamais vraiment eu d’accident?

S.R. : Aucun accident, des fois les planches elles passent pas loin des chevilles, mais en général les skaters ils font gaffe. Il y a peut-être deux  ou trois plus petits qui ne sont pas très prudents et qui font peur aux vieilles. C’est vrai qu’ils sont pas très «réglos» car ils passent un peu vite et un peu près, moi j’attends qu’il y ait vraiment personne pour entamer mon truc, il faut calculer.

 

C.L. : Les jeunes dont tu parles, font-ils partis de l’association ?

S.R. : Il y en a peut-être un ou deux qui font partis de «l’asso», ils sont prévenus. On leur a expliqué qu’il fallait faire attention, maintenant ce sont eux qui le respectent ou pas. Il y a un code mais il est officieux.

 

C.L. : Votre projet de skate-park, il en est où?

S.R. : Il y a eu  un projet voilà deux ans avec la participation de T.Bulot et surtout la participation active de D.Saint qui s’est démené pour contacter toutes les entreprises françaises qui s’occupent de la fabrication de modules et de rampes. On a fait des plans par rapport à ce qu’on voulait obtenir. T. Bulot nous a proposé un chantier jeune pour créer ce skate-park, il aurait fallu bosser avec la ville... Je ne sais pas trop ce qu’il attendait de nous mais il ne nous trouvait pas assez nombreux et pas assez motivés pour engager des travaux. Sur les deux ans qui viennent de s’écouler, tout le contraire a été démontré, le nombre de pratiquants a augmenté et la motivation est toujours là.

 

C.L. : En gros, il voulait que vous mettiez la main à la pâte pour construire le skate-park ?

S.R. : Je ne sais pas trop s’il voulait qu’on construise parcequ’il y avait ce problème de normes ou s’il voulait qu’on fasse un dossier. Ce dernier a été fait : on a pris les photos à Cherbourg et on aimerait bien obtenir le même genre de site. A Cherbourg, les pratiquants n’ont quasiment rien fait ils sont juste allés à la mairie en disant qu’ils aimeraient bien qu’un skate-park se construise, deux mois après, les fonds étaient débloqués (800 000 francs). Je comprends que la ville soit plus grande mais nous, on demandait 150 000 francs, toute proportion gardée, cela reste raisonnable. On aimerait bien que le projet soit proposé et adopté cette année. Quand bien même on n’obtiendrait pas un park, il nous suffirait de fonds de la part de la mairie et l’aide des services techniques pour construire les modules. Nous, on a des menuisiers et des bricoleurs qui savent faire le travail des entreprises à moindre frais. On demande juste les matières premières et pas de rémunération. Il nous faudrait aussi un endroit goudronné, éventuellement une salle mais les salles à Saint-lô c’est le gros problème. On a une proposition, c’est le local près de la salle Cerdan qui  sert à entreposer les objets qu’il y avait au musée du Normandy. L’inconvénient c’est qu’il faut entreposer ces objets dans un autre endroit. Vu les conditions climatiques de la Normandie, il nous faudrait une salle car un skate-park extérieur ne serait utilisé qu’en été. Le problème a lieu à Cherbourg, les structures sont très peu utilisées à cause de la pluie et du vent. Notre rêve serait d’avoir une salle et en complément une surface goudronnée pour l’été.

 

C.L. : À part ça, avez-vous d’autres projets?

S.R. : La Sektion Raymonde sera présente au FSJ pour une démonstration. On étudie la possibilité de faire quelque chose sur le parking de Décathlon en échange d’une contrepartie, car on ne va pas les laisser utiliser notre image pour se faire de la pub. Mais ce n’est qu’un projet, on ne les a pas encore contactés.

 

C.L. : En résumé si vous n’avez pas de Skate-Park avec la mairie, pourquoi pas trouver une boite privée qui finance le projet?

S.K. : Exactement, on pourrait demander aux entreprises de financer en échange de pub. Ca leur permettrait, sans obtenir  forcément une clientèle, de figurer sur un site accessible aux jeunes.

 

C.L. : Tu as parlé d’un coût de 150 000 francs. Cela ne te paraît-il pas énorme pour 35 adhérents?

S.R. : C’est vrai que proportionnellement, on peut trouver ça assez important, mais je pense que s’il y avait cette somme débloquée pour un site, son utilisation permettrait un rayonnement sur la ville. Les pratiquants de Cherbourg et Caen qui viendraient, feraient tourner l’économie locale. C’est pas ça qui m’importe le plus mais c’est ce qu il faut faire valoir auprès des personnages politiques de la ville. Les retombées seront certaines avec par exemple la création d’un emploi jeune et même la participation des entreprises de menuiserie et de métallerie du coin qui feraient les structures. Pourquoi pas la création d’un skateshop? Il y aurait à  la clé quelques créations d’emploi si ça continue à se développer dans les cinq prochaines années.

 

C.L. : Après la création d’un éventuel Skate-Park est ce que le nombre de pratiquants peut augmenter?

S.R. : Je sais que les pratiquants que je connais viendront et à mon avis, vu le nombre de petits et le regard qu’ils portent sur nous, ça ne peut qu’augmenter. Des petits de 8 à 10 ans qui ont une marge de progression plus importante que la nôtre pourraient éventuellement trouver là une voie.

 

C.L. : OK, moi je n’ai pas d’autres questions.

S.R. : C’est vrai que ce n’est pas évident; le skate est un sport un peu marginal et il le restera sans doute encore longtemps même si économiquement il engendre un marché assez important. Le skate est à la mode mais les vrais pratiquants ne la suivent pas. Ceux qui sont au club sont vraiment motivés, passionnés, et ils ont choisi le skate parce-que c’est un truc qui est différent, il ouvre d’autres portes, portes d’une progression quasi-infinie et d’une liberté de mouvement : tu fais ce que tu veux (descentes, figures de style, rampe etc) et tu trouve un équilibre à travers ça comme je pense dans tous les sports. Par exemple on a deux nouveaux jeunes en très grande difficulté scolaire qui aurait eu du mal à se lancer dans un sport du fait de leur exclusion. Ils ont trouvé le truc (NDLR : le skate pour ceux qui n’auraient pas compris) Ca se passe dans la rue, c’est plus facile. Avant c’étaient des traînards maintenant ils font quelque chose de leurs pattes et ils sont carrément motivés. Cela pourrait être un échappatoire pour pas mal de monde . Ca permet de rencontrer du monde, justement sur un site comme un skate-park, le flux de personnes venant de l’extérieur pourrait donner lieu à des rencontres. C’est vrai que le skater moyen est plutôt riche, ce n’est pas trop les couches populaires qui vont faire du skate, vu le prix du matériel. En revendant du matériel d’occasion, on peut se débrouiller et tout le monde peut y trouver son compte.

 

C.L. : J’aime bien quand ça finit bien.

 

Propos recueillis par Franck L’orphelin et Nicolas Talabardon

 

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